5 octobre 2024

Cadavre exquis, Agustina bazterrica

« Je pense que dans toute ma littérature, j’essaie de pousser les situations à l’extrême. D’autre part, il s’agit d’une dénonciation permanente des sujets qui me font mal, ou je les questionne, puis je les transforme en écrits. Je suis intéressé à interroger le lecteur, à l’étourdir et à générer des questions physiques. Quand j’écris, je sens que je vibre. Il y a aussi des moments d’abîme, où je ne trouve pas le mot exact, parce que je suis extrêmement obsessionnel. Le moment le plus agréable pour moi est de finir et corriger et corriger et corriger et lire l’œuvre 50 mille fois. L’écriture fait partie de mon cœur. C’est mon magma, mon moteur. J’écris dès mon plus jeune âge, sans être conscient de ce que c’est que d’être écrivain. Il y a la question de l’écriture, et il y a la question de faire carrière comme écrivain. Parfois, la carrière est mangée à l’acte d’écrire et tout est concentré sur l’image de l’écrivain. Il y a d’autres cas où les écrivains se contentent d’écrire et où l’écrivain apparaît. Je ne sais pas si je peux me dire écrivain. J’espère que le reste de ma vie je pourrai continuer à me construire et, dans ce processus, continuer à écrire. » Agustina Bazterrica L’autrice est née en 1974 Buenos Aires (Amérique du Sud.

Un virus a fait disparaître la quasi-totalité des animaux de la surface de la Terre. Pour pallier la pénurie de viande, des scientifiques ont créé une nouvelle race, à partir de génomes humains, qui servira de bétail pour la consommation. Ce roman est l’histoire d’un homme qui travaille dans un abattoir et ressent un beau jour un trouble pour une femelle de « première génération ». Or, tout contact inapproprié avec ce qui est considéré comme un animal d’élevage est passible de la peine de mort. À l’insu de tous, il va peu à peu la traiter comme un être humain.

Le tour de force d’Agustina Bazterrica est de nous faire accepter ce postulat de départ en nous précipitant dans un suspense insoutenable. Roman d’une brûlante actualité, tout à la fois allégorique et réaliste, Cadavre exquis utilise tous les ressorts de la fiction pour venir bouleverser notre conception des relations humaines et animales.

Je remercie Masse critique = Babélio pour cette belle découverte. Premier roman. Et quel roman ! C’est simple dès la première page, j’ai été prise dans un tourbillon époustouflant de suspense, qui fait qu’il est très difficile de quitter cette lecture. L’écriture est envoutante. Elle nous tient en haleine et nous alerte.
Augustina dénonce avec une finesse la réalité des abattoirs, les ficelles machiavéliques du cerveau humain et la condition de l’animal.
J’espère que ce livre sera étudié en classe philosophique. À la fois, roman et étude de société. Peut-être qu’un jour un scénariste va s’emparer de ce sujet, au combien brûlant de vérité.

Et si demain, le roman devenait réalité ?

Dernier conseil avant que vous vous engouffriez dans cette lecture, laissez de côté vos croyances vis-à-vis de l’Homme. Vous ne ressortirez pas indemne de ce roman et bien des cauchemars viendront hanter vos nuits pour les plus sensibles. Ceux qui aiment les romans noirs seront largement servis, au-delà de leurs espérances.

Claudia 

2 réflexions sur « Cadavre exquis, Agustina bazterrica »

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