D’une sensualité affolante, l’interprète inoubliable d' »Une journée particulière » incarne l’âge d’or du cinéma italien. Des faubourgs de Naples à Hollywood, retour sur la flamboyante destinée de Sophia Loren. Nez trop long, hanches trop larges et peau trop foncée, Sophia Loren a imposé sa démesure sur les écrans du monde entier, jusqu’à personnifier l’Italie à elle seule. Née Sofia Scicolone – du nom du père qui l’a abandonnée –, l’enfant illégitime de Naples endure la pauvreté et les quolibets, avant de voir s’épanouir ses formes insensées. Couronnée reine de beauté, dans une robe cousue dans des rideaux, l’adolescente gagne un billet pour Rome où, escortée par sa mère Romilda, actrice aux ambitions mort-nées, elle court sans relâche les castings de Cinecittà. Les cachets des fumetti, des romans-photos, assurent leur quotidien, jusqu’à la rencontre avec Carlo Ponti. Le producteur, marié et de vingt-deux ans son aîné, l’aide à décrocher ses premiers rôles et fait chavirer son cœur. Mais dans l’Italie conservatrice des années 1950, où le divorce est interdit, celle qui se fait désormais appeler Sophia Loren souffre encore d’illégitimité. Entre leur mariage mexicain en 1957, annulé par les autorités italiennes, et la régularisation de leur situation, neuf ans plus tard en France, l’actrice connaît une florissante parenthèse hollywoodienne, pimentée d’une idylle avec Cary Grant. C’est sous l’aile protectrice de Vittorio De Sica qu’elle se hisse au sommet du cinéma mondial – remportant le prix d’interprétation à Cannes et l’Oscar de la meilleure actrice pour La ciociara – et inaugure sa mythique collaboration avec Marcello Mastroianni, son partenaire de jeu pendant quatre décennies. Au fil de séduisantes archives, Julia Bracher déroule le destin de la star, devenue actrice comme pour réparer le rêve brisé d’une mère adorée et omniprésente. Des rues miséreuses de Naples aux tapis rouges, de son premier essai à son dernier chef-d’œuvre d’interprétation, Une journée particulière d’Ettore Scola, la réalisatrice Julia Bracher explore la trajectoire d’une femme hors cadre qui a mis le monde à ses pieds, en jouant à l’infini avec les stéréotypes de la mère et de la prostituée.
Documentaire de Julia Bracher (France, 2018, 50mn)
Très beau documentaire.
Claudia
Quelle belle destinée !
Biz
🙂