26 avril 2024

Le collier rouge, Jean-Christophe Rufin et François Cluzet

« À une heure de l’après-midi, avec la chaleur qui écrasait la ville, les hurlements du chien étaient insupportables. Il était là depuis deux jours, sur la place Michelet et, depuis deux jours, il aboyait. C’était un gros chien marron à poils courts, sans collier, avec une oreille déchirée. Il jappait méthodiquement, une fois toutes les trois secondes à peu près, avec une voix grave qui rendait fou.
Dujeux lui avait lancé des pierres depuis le seuil de l’ancienne caserne, celle qui avait été transformée en prison pendant la guerre pour les déserteurs et les espions. Mais cela ne servait à rien. »

Le roman de Christophe Rufin (écrivain et académicien et ancien médecin humanitaire) se situe au lendemain de la grande guerre de 14 – 18. En 1919, en plein été, dans une bourgade du Berry, un héros de la guerre, fils de paysan, Jacques Morlac, croupit en prison. Il a gravement porté atteinte à la Nation pendant le défilé du 14 juillet et risque d’être envoyé au bagne. 

L’officier militaire, juge de son état doit décider de la sentence. Il se nomme Hugues Lantier du Grez. C’est un aristocrate. A ces deux personnages, s’ ajoute un troisième en la personne de Valentine, jeune femme usée par le travail de la terre. Elle est bien trop instruite pour n’être qu’une simple paysanne. Le fil conducteur de ce huit clos n’est autre que  Guillaume, le chien du prisonnier. Il attend son maitre en aboyant jour et nuit. Sans le savoir, c’est lui la pièce principale.

« Cette histoire est basée sur un fait réel raconté par un ami, Benoit Gysembergh. C’est l’histoire de son grand-père, héros de la guerre. Il est décoré de la Légion d’honneur, raconte Jean-Christophe Rufin. Un jour, alors qu’il a bu un coup de trop, il décore son chien, défile dans son village avec son animal décoré et se retrouve en prison. »

Au travers de ce magnifique roman, l’auteur aborde la part animal en chacun de nous lorsque la guerre met face à face des hommes.

« Je crois que la vraie différence avec les bêtes, poursuivit le juge, ce n’est pas la fidélité. Le trait le plus proprement humain et qui leur fait complétement défaut, c’est un autre sentiment, que vous avez du reste.
– Lequel?
– L’orgueil. »

« c’est un petit hommage à ces chiens qui ont suivi leurs maîtres, il y en avait des centaines de milliers dans les tranchées. Certains ont eu un rôle héroïque, explique l’auteur »

« Si les prétendus héros refusent les honneurs abjects de ceux qui ont organisé cette boucherie, on cessera de célébrer une prétendue victoire. La seule victoire qui vaille la peine est celle qu’il faut gagner contre la guerre et contre les capitalistes qui l’ont voulue. »

Je recommande ce livre qui se lit d’une traite.  Qui se lit comme un appel à l’amour. L’écriture le rend émouvant. C’est vraiment un très bel hommage au pacifisme et au grand père de Benoit Gysembergh

Suite à ce bouleversant roman est né un film de Jean Becker sur l’absurdité de la guerre. 1919 : un héros de guerre (Nicolas Duvauchelle) est retenu prisonnier au fond d’une caserne. Devant la porte, son chien aboie jour et nuit. Le juge militaire chargé de l’affaire (François Cluzet), un militaire de carrière aux convictions profondément ancrées, va finir par vaciller.

Claudia

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