29 mars 2024

Lulu femme nue BD, Etienne Davodeau

BD complète (Tome I et Tome II)

A la suite d’un énième entretien d’embauche raté et après l’appel à son mari, Lulu décide de ne pas rentrer. Elle ne prémédite rien. Ceci se passe tout simplement. Elle s’octroie quelques jours de liberté, seule, loin de sa famille et de ses amis. Sans autre projet que de vivre au jour le jour. Son escapade se déroule sur dix-neuf jours. Direction la côte, la mer et la liberté. Lulu, femme fatiguée par sa vie reprend par les rencontres, goût en l’existence avec naturelle et vérité. Les sourires illuminent un visage éteint, sa nouvelle liberté lui permet de sortir de l’ombre dans laquelle elle s’enfermait auparavant. Presque surprise par sa propre audace, elle fais des rencontres cocasses. Des drôles de personnages qui vont pour un temps, lui redonner l’envie de vivre.

Grisante, joyeuse, dangereuse et cruelle, l’expérience improvisée de Lulu en fera une autre femme…

Pendant ce temps, ses amis s’inquiètent. Son mari est furax et ses enfants s’interrogent. L’un deux, Xavier, poussé par sa femme va enquêter et raconte au reste du groupe ce qui est arrivé à Lulu durant ses semaines d’escapade, ses rencontres, son état d’esprit, sa nouvelle vie. Puis, c’est au tour de sa fille, Morgane de raconter la suite des aventures de sa mère. Elle aussi a décidé de prendre le train avec ses petits frères pour en savoir plus.

Etienne Davodeau a souhaité faire le portrait d’une femme ordinaire, immergée dans la réalité quotidienne. Coutumier des récits mettant en scène des personnages proches de monsieur et madame-tout-le-monde l’auteur traite avec pudeur et délicatesse le mal-être et la renaissance. La force de ce récit ne réside pas dans l’originalité du scénario mais dans le traitement des émotions. Tout le monde a, un jour dans sa vie, ressenti de l’impuissance face à sa propre vie, voulu changer le cours des choses. Lulu est le miroir de tous ces gens qui ne sont jamais allés jusqu’à s’enfuir et recommencer leur vie.

L’ambiance aurait pu être noire, pessimiste, morose. Mais entre les tons sable typiques de Davodeau et le sourire de l’héroïne, la douceur et l’espoir prédominent. Le rythme aurait pu être lent, suivant une logique chronologique classique. Pour contrer ces effets, l’auteur donne la parole aux proches de Lulu, assurant ainsi un va-et-vient entre la soirée présente et le passé vécu par leur amie. Le voyage intérieur de la protagoniste, le récit très contemplatif, trouvent un certain dynamisme grâce au choix de laisser la parole à d’autres pour le conter.

BD C’est  a permis cet article.

Mon impression à la suite de cette lecture:

Je ne suis pas restée insensible à l’ambiance de cette BD. L’étude des personnages, les caractères sont bien travaillés, bien amenés. J’ai été transportée au bord de la mer. Je sentais les odeurs, j’entendais les mouettes et goélands. Tout y était, c’était vraiment merveilleux ! Et pourtant…

Dès le dessin de la couverture, mon attention a été retenue par le dessin. Au fil des pages, le même malaise concernant les personnages féminins m’a interrogé. Pourquoi, si peu de féminité ? Je les trouve tous androgyne. Pourquoi ce choix, alors même que l’héroïne se cherche en tant que femme ? La première partie de l’histoire est grandiose. Je me suis laissée porter. J’avais envie que Lulu s’émancipe. Qu’elle ose aller au bout de ses rêves. À 40 ans, c’est l’âge idéal pour construire un beau projet de vie. Loupé ! Elle revient chez elle avec sa nouvelle amie et reprend sa vie avec son mari. Elle lui pardonne même la gifle qui lui donne le soir de son retour. Et qui l’a met KO. Et qui a fait mourir la p’tite grand-mère.

Par curiosité, j’ai voulu regarder le film issu de cette BD. J’ai bien eu raison. Karin Viard interprète Lulu à la perfection. Tout en douceur, elle lui donne corps. De cette femme fragile, elle en fait une femme forte. Elle aide son personnage à s’émanciper. Bien entendu, je n’oublie pas Bouli Lanners qui est acteur, réalisateur, scénariste. Son personnage est d’une remarquable authenticité. Son rôle m’a profondément ému. Et je préfère 100 fois la fin 🙂

Claudia

2 réflexions sur « Lulu femme nue BD, Etienne Davodeau »

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