19 mars 2024

Dave Brubeck, quelques standards qui ont forgé la légende du pianiste de jazz

Live in Belgium 1964

Paul Desmond (alto sax), Joe Morello (drums), Eugene Wright (bass) and Dave Brubeck (piano)

Le Dave Brubeck Quartet joue « Take Five » en 1964 en Belgique

C’est peut-être le morceau le plus célèbre du Dave Brubeck Quartet, extrait de l’album Time Out. Mais c’est Paul Desmond qui l’a composé. Le pianiste a commandé au saxophoniste un morceau en 5/4 (cinq temps par mesure), un rythme impair. Desmond lui a répondu qu’il s’en sentait incapable. Brubeck a insisté, lui assurant qu’il l’avait entendu jouer sur une telle rythmique avant un concert lors d’un échauffement dans les coulisses. Paul Desmond lui a finalement apporté deux thèmes. Dave Brubeck les a associés pour former Take Five. Plus de soixante ans après la sortie du disque, une prise inédite de Take Five a été dévoilée avec d’autres versions jamais entendues des morceaux de Time Out, regroupées dans l’album Time OutTakes. Ce standard universel, repris maintes fois, a été chanté notamment par Al Jarreau et Carmen McRae. C’est Iola Brubeck, l’épouse du pianiste, qui mettait des paroles sur ses musiques.

Dave Brubeck, né le 6 décembre 1920 à Concord, en Californie, est l’une des grandes figures d’un jazz aérien, raffiné, mélodieux, identifié à la côte ouest (« West Coast ») des États-Unis. Un jazz aux tempos plus lents, moins nerveux que le bebop créé par Charlie Parker, Thelonious Monk ou Dizzy Gillespie dans une Amérique ultra hostile à l’égard des Afro-Américains. Mais le cool jazz qu’incarne Brubeck n’en est pas pour autant un jazz simple. L’ancien élève de Darius Milhaud, qui a étudié notamment l’orchestration, se passionne pour les écritures rythmiques complexes et les polytonalités qui se font rares dans le monde du jazz dans les années 40 et 50.

En 1951, Dave Brubeck forme un quartet avec le saxophoniste Paul Desmond qui rencontre rapidement un grand succès et lui vaut d’être le deuxième jazzman – après Louis Armstrong en 1949 – à avoir les honneurs de la Une de Time Magazine. Rejoint par le batteur Joe Morello en 1956 puis le contrebassiste Eugene Wright en 1958, le Dave Brubeck Quartet sort en 1959 l’album Time Out qui lui assure une renommée planétaire, à la grande surprise de son label, Columbia, peu emballé par un disque truffé de polyrythmies et ornementé d’un tableau abstrait sur sa pochette… Face au succès, le pianiste ne perd ni son âme, ni ses principes. Ardent défenseur des droits civiques, il refuse de se produire dans les lieux où Eugene Wright, musicien noir, n’est pas le bienvenu. Par la suite, Dave Brubeck dirigera d’autres formations. Jusqu’à la fin de sa vie, il continuera de jouer et de se produire, avec son éternel sourire. Il s’est éteint le 5 décembre 2012 à la veille de son 92e anniversaire.

Autre succès de Time Out, le standard Blue Rondo à la Turk a été composé par Dave Brubeck à la suite d’un séjour à Istanbul lors duquel il a entendu un musicien de rue jouer une musique entraînante. Le rythme rapide de chaque phrase mélodique pouvait se compter ainsi : « 1-2, 1-2, 1-2, 1-2-3″… Le thème de Blue Rondo à la Turk est composé sur cette structure rythmique, en alternance avec des mesures binaires, plus classiques, dans un swing cool qui crée un beau contraste. Claude Nougaro a écrit des paroles françaises pour ce standard dont il a fait un polar chanté haletant rebaptisé À bout de souffle en 1965.

Le Dave Brubeck Quartet joue « Three To Get Ready » en 1964 en Belgique

Troisième classique intemporel de Time Out, le standard Three To Get Reasy séduit par son climat apaisant et sa mélodie légère et espiègle où alternent tempo de valse, à trois temps, et mesures à quatre temps. Ce thème a séduit Claude Nougaro qui en a fait le refrain de sa chanson Le Jazz et la java en 1962.

Exercice ludique et néanmoins périlleux (le batteur Joe Morello en a ri de soulagement et de surprise à la fin, racontait Brubeck), Unsquare Dance, morceau aux accents blues, est paru dans l’album Time Further Out. Comme son titre l’indique, ce disque s’inscrit dans la continuité de Time Out. Dave Brubeck y poursuit ses explorations rythmiques. Le titre Unsquare Dance (« danse non carrée ») est un clin d’œil à la « square dance », une danse anglaise ancienne qui s’est exportée en Amérique. Le morceau, qui a connu un succès immédiat, a été récupéré plus tard par la télévision française, sous forme de générique (Long Courrier de Thierry Ardisson) et de jingle.

Suite de l’article sur France Info

Claudia

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.