« Enfant, je rêvais de gravir les montagnes, où je réaliserais mes rêves. Ce fragment de mon âge n’a pas fini de briller en moi, secret comme un éclat de mica, petite étoile qui m’indique une direction. »
Cette direction, c’est le pôle intérieur vers lequel Jean-Louis Étienne s’est mis en marche dès son plus jeune âge. Dans ses grandes expéditions comme au quotidien, il avance en dehors des routes tracées, élaborant une sagesse en chemin. Car il s’agit en réalité d’ « inventer sa vie », jour après jour, pas après pas.
Avec pudeur et franchise, réalisme, humour et poésie, Jean-Louis Étienne nous raconte les moments marquants de sa vie. Ceux de l’intime, la timidité, la jeunesse, l’amour, et aussi ceux du monde, du climat, de la nature, de l’avenir.
Au-delà des souvenirs, l’explorateur invite instamment le lecteur à oser, à tenter ce qu’il croit impossible. C’est par l’audace en chacun de nous que né l’espoir.
Ce livre est un appel au questionnement de soi. Jean-Louis Étienne nous convoque à inventer notre vie et à changer notre regard sur le monde.
J’ai toujours aimé l’homme. Il me fascine tant par sa détermination à aller toujours plus loin dans ses exploits que par sa liberté d’entreprendre. Je lui envie cette faculté de liberté. Il a su mettre en avant ses capacités d’adaptation et contourner ses difficultés (dyslexie) pour poursuivre son chemin de vie sans entrave. Bravo Monsieur Étienne !
Après une formation de tourneur-fraiseur, Jean-Louis Étienne met ses compétences de médecin au service d’un rêve : explorer le monde. En 1986, il est le premier homme à atteindre le pôle Nord en solitaire. Infatigable défenseur de la planète, il poursuit ses expéditions à vocation scientifique et pédagogique.
Après avoir participé un temps aux expéditions des autres (comme Tabarly), vous avez, depuis, toujours construit vous-mêmes vos outils d’exploration. Et refusé de devenir ministre de l’environnement ! Vous courrez après quoi, au juste ?
L’autonomie d’abord. J’ai fabriqué seul ma première guitare et mes premiers skis (une catastrophe !). J’ai besoin de construire pour comprendre. Adolescent, j’ai passé mon CAP d’ajusteur, mais un professeur a insisté pour que je rejoigne la filière Bac et je suis devenu chirurgien orthopédiste, puis médecin d’expédition pour découvrir le monde. J’ai ensuite mené mes propres projets, construisant toujours moi-même bateaux, dirigeables. J’ai besoin de cet élan créatif de départ, car ensuite, il faut absorber tant et tant de boulots ingrats pour mener à bien ses projets ! Mais au-delà de l’autonomie, la liberté prédomine. Lorsque François Mitterrand m’a convoqué à l’Élysée pour me dire qu’il avait des ambitions pour moi, je lui ai répondu que je devais partir sur le volcan Erebus. « Je ne peux pas vous y accompagner », m’a-t-il simplement répondu. Une décision que je n’ai jamais regrettée.
Et si vous étiez ce ministre aujourd’hui, qu’essayeriez-vous de faire pour que les choses avancent un peu plus vite ?
Je commencerais par faire connaître et mettre en valeur tout ce qui se fait sur le terrain (là où je me tiens souvent) : associations, entreprises, territoires… Beaucoup de choses exemplaires se font déjà, qu’il faut accompagner et répliquer. J’encouragerais le principe de l’économie circulaire : produire, consommer, recycler au service de la production primaire ; c’est le fonctionnement même de la nature. Et j’appuierais sur les énergies renouvelables, non carbonées. On pourrait être tellement plus loin devant avec la maîtrise technique que l’on possède dans ce pays…
Je recommande vivement ce livre qui se présente comme un abécédaire.
Claudia