22 novembre 2024

La maladroite d’Alexandre Seurat

Premier roman d’Alexandre Seurat, « La maladroite » est le récit d’un martyre, celui d’une enfant maltraitée quotidiennement par ses parents de sa naissance jusqu’à l’âge de 8 ans.

L’histoire : tout commence avec un avis de recherche. Une petite fille de 8 ans a disparu. Une photo : « gilet blanc à grosse maille, autour du cou un foulard noué au-dessus de sa chemise, une tenue incongrue, d’adulte – pas d’enfant de huit ans – mais surtout, cette manière bizarre de se tenir, les bras étrangement croisés, comme quelqu’un qui se donne une contenance ». C’est son institutrice qui parle. Ce jour-là quand elle découvre l’avis de recherche, elle sait que c’est trop tard…

Alexandre Seurat remonte le fil du calvaire. Une mère instable : elle a quitté le père de son premier enfant pour un autre homme, tombe enceinte, projette de l’épouser. Puis tout tourne mal. Elle le quitte, retourne chez sa mère, accouche, abandonne l’enfant. Puis elle retourne avec le père du premier, récupère sa fille. Et c’est le début du cauchemar pour Diana. Les premiers à sentir que quelque chose ne tourne pas rond sont les membres de la famille. La sœur. La grand-mère. Les parents maltraitants les écartent. Puis viendront les instituteurs, les signalements, les déménagements, et le déni constant des parents si « charmants ». Jusqu’à l’issue fatale.

La bonne distance

Inspiré d’un fait divers (le décès de la petite Marina en 2009 dans la Sarthe, à la suite des mauvais traitements de ses parents), ce court et dense roman dessine l’enchaînement implacable des faits qui mènent inexorablement à la catastrophe. On voit bien comment chacun des protagonistes essaie de réagir, tente de faire son devoir, est ému par ce qu’il comprend, et pourtant, rien ne se produit.
Personne ne réussit à sauver cette enfant.

Pourquoi ? Comment ?

C’est ce que montre ce roman accablant : la lourdeur d’un système qui met trop de temps à s’ébranler malgré les bonnes volontés, malgré les signalements répétés, malgré les enquêtes.

Le romancier déroule son récit à la bonne distance. Sans pathos. Il dessine le martyre par couches successives, à travers les témoignages des uns et des autres, à la manière d’un dossier d’instruction. Le lecteur sent littéralement l’étau se resserrer, la catastrophe arriver. Ni voyeur, ni accusateur, le premier roman d’Alexandre Seurat tend une main à « La maladroite », cette main qui lui a manqué pendant les huit ans de son existence.
La lecture de ce roman est insupportable. Et indispensable. source: culturebox

Quand j’ai commencé cette lecture, je ne savais pas ce qui m’attendait. Je n’avais pas lu la quatrième de couverture. Seul le titre m’a donné envie d’aller plus loin. Au fil des pages, je me demandais où l’écrivain voulait nous emmener. Ce n’est qu’au trois quarts du roman que j’ai compris l’horreur inéluctable. Je ne suis pas ressortie indemne de ce livre. Celui-ci a fait ressurgir à ma mémoire un souvenir enfoui. Celui d’une petite fille maltraitée par sa mère. À cette époque, j’intervenais comme animatrice dans une école maternelle. Je croisais la mère, le père et le grand-frère. J’entendais les mots cruels, je voyais la maltraitance s’installer. Surtout je percevais l’appel au secours de l’enfant et son  besoin affectif. Le soir, j’avais de grandes difficultés à m’endormir craignant l’annonce de sa mort. J’avais fait un signalement à la maîtresse, puis au médecin scolaire. Néanmoins comme le dit si bien le livre l’administration française a mis des mois à réagir. 

La maman reproduisait la maltraitance qu’elle avait vécue enfant. Heureusement, toutes les deux ont pu bénéficier d’un suivi par des professionnels.

Claudia

2 réflexions sur « La maladroite d’Alexandre Seurat »

  1. Terrible…
    Ce livre ma rappelle cette lecture d’une histoire vraie qui m’a tellement émue : http://kimcat1b58.eklablog.com/a-l-ecole-des-chats-a207976902
    Michèle a survécu grâce aux chats qui la rejoignaient dans la cave où elle était terrée et enfermée…
    Elle a vécu aussi un calvaire… Une mère maltraitante…
    Et comme tu l’écris si bien. C’est accablant : la lourdeur d’un système qui met trop de temps à s’ébranler malgré les bonnes volontés, malgré les signalements répétés, malgré les enquêtes…

    Michèle en parle également…

    1. Il me semble que j’avais lu ton article, car en effet le témoignage de cette personne me dit quelque chose. Je vais remettre sa vidéo et en faire un article. car en effet, il y a un dysfonctionnement des institutions que çà soit pour les enfants comme pour les animaux.

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