Une vie, et j’étais bien placé pour le savoir, vaut entre trente et quarante mille euros.
Une vie ; le col enfin à dix centimètres, le souffle court, la naissance, le sang, les larmes, la joie, la douleur, le premier bain, les premières dents, les premiers pas ; les mots nouveaux, la chute de vélo, l’appareil dentaire, la peur du tétanos, les blagues, les cousins, les vacances, les potes, les filles, les trahisons, le bien qu’on fait, l’envie de changer le monde.
Entre trente et quarante mille euros si vous vous faites écraser. Vingt, vingt-cinq mille si vous êtes un enfant. Un peu plus de cent mille si vous êtes dans un avion qui vous écrabouille avec deux cent vingt-sept autres vies.
Combien valurent les nôtres ?
À force d’estimer, d’indemniser la vie des autres, un assureur va s’intéresser à la valeur de la sienne et nous emmener dans les territoires les plus intimes de notre humanité. Construit en forme de triptyque, On ne voyait que le bonheur se déroule dans le nord de la France, puis sur la côte ouest du Mexique.
Je commence à savourer les mots, puis je tombe sous l’emprise des pages. Quand j’apprécie une lecture, je ne la dévore pas je la déguste un peu chaque jour pour que dure le plaisir de lecture. Carar je sais bien que la fin sera terrible, puisqu’il il va me falloir trouver une lecture tout autant voir plus savoureuse.
Et là, je dois dire que je me suis régalée. Quel rythme ! L’auteur nous amène au fil des pages à être dans son roman. Il nous tient en haleine. Et quand le coup part, c’est l’explosion, car rien ne pouvait réellement nous préparer à cette histoire. Ou je ne pouvais, ne voulais l’envisager. J’aime l’habileté de Grégoire Delacourt à nous transporter dans chaque personnage. Ainsi, la toile familiale se construit. Se tend jusqu’à la rupture pour enfin renaitre.
Je trouve ce livre magnifique.
Claudia