«Je suis très triste de vous annoncer la mort de Michel survenue le 26 septembre, à l’âge de 80 ans, des suites de la maladie d’Alzheimer.»
Monique Pinçon-Charlot
Michel Pinçon naît le 18 mai 1942 dans la commune de Lonny (Ardennes), dans une famille d’ouvriers. Son père est ouvrier polisseur à Nouzonville. Michel Pinçon se marie en 1967, avec une étudiante en sociologie, Monique Charlot. Le mariage permet à son épouse de le suivre pendant la période de service national en coopération, au Maroc, où ils enseignent le français, tirant de cette expérience un mémoire supervisé par le grand sociologue proche de Pierre Bourdieu, Jean-Claude Passeron. À leur retour, ils terminent leur formation à l’université libre de Vincennes. Ils rejoignent ensuite le CNRS. Lui travaille sur le monde ouvrier, son épouse sur la ségrégation urbaine. Le couple a un fils Clément qui naît à la clinique des Métallos, les Bluets, le 9 septembre 1974, dans le 11e arrondissement de Paris.
Ce sont leurs importants travaux de plusieurs décennies et leur publication sur les élites françaises et la ségrégation de classe opérée par les riches qui marquent les sciences sociales en cette fin du XXème siècle et début du XXIème siècle. Grâce à de longues enquêtes sociologiques sur le terrain et au sein même de la haute bourgeoisie, leur description de la véritable guerre de classe engagée par les riches et les dominants leur valent d’être souvent critiqués par les journaux et sites de droite et d’extrême-droite. Ces travaux donnent lieu à des ouvrages édités par les éditions de la Découverte et rencontrent un large public.
Merci au journal l’Humanité pour cet article.
Michel et Monique Pinçon-Charlot ont remis au goût du jour l’étude des classes sociales. La plupart de leurs confrères, eux, théorisaient la fin de classes et la « moyennisation » de la société. Ils font partie des premiers à avoir eu cette intuition : les riches ont des noms, des adresses, des goûts et une idéologie. Ils ont UNE culture, ancrée dans un milieu social, une histoire et non pas le monopole de LA culture. Il faut les nommer, les montrer. Il faut connaître la cause de nos malheurs si l’on veut y mettre un terme.
Les ultra-riches n’aiment pas la lumière. Ou seulement lorsque ce sont eux qui décident de l’angle des projecteurs. Depuis Dans les beaux quartiers (PUF, 1989) en passant par Les Ghettos du gotha (Seuil, 2007) jusqu’à Notre vie chez les riches (La Découverte/Zones, 2021), le couple de sociologues a écrit ensemble 28 ouvrages. Voilà autant de cailloux dans les bottines en daim de l’oligarchie.
Pour aller plus loin, l’insoumission.
Pour aller plus loin, Politis
Bonjour Monique,
Je suis vraiment triste pour vous. Monique sans Michel est difficilement envisageable. Duo d’amour. Complicité dans vos recherches. Et pourtant la vie continue.
Je suis une inconditionnelle de Bourdieu. C’est par ce biais que je vous ai découvert. Je pense avoir suivi toutes vos interviews, émissions. J’ai aussi quelques-uns de vos livres. Vos enquêtes menées au cœur même de la grande bourgeoisie m’ont énormément intéressé. Personne n’avait réussi à être accepté comme vous par les aristocrates. J’ai pu comprendre pourquoi la gauche, à temps de mal à prendre le pouvoir.
Nous (mon fils et moi) avons eu la chance de vous rencontrer dans les rues de Poitiers. Lui, en études de sociologie et politiquement de gauche, ne pouvait rêver mieux. Nous avons échangé pendant une heure sur la vie, les études de sociologie, la politique, etc. Pur moment de partage qui est resté dans nos mémoires. Un souhait qui devenait réalité. J’avais apprécié vos personnalités. Michel en retrait. Néanmoins dans l’écoute. Vous, disponible et curieuse.
Encore un grand merci.
Une pensée bien entendu à votre fils. Perdre un père, quel que soit son âge, est un pan de notre histoire qui s’endort.
Cordialement
Claudia
Oui c’est fou la vie !
Merci pour ce très bel hommage.
Nul doute que mon Papa qui lisait « L’Humanité » tous les jours aurait été affecté par son décès.
C’est une chance de les avoir rencontrés
Paix à son âme.
Bisous ma Claudia.
🙂