22 novembre 2024

Carmen Mondragon, plus connu sous le nom d’artiste Nahui Olin

Moins connue que Frida Kahlo, cette autre mexicaine a capté l’attention de l’écrivain italien Pino Cacucci. Elle a également brillé dans le domaine de la peinture dès les années 1920 et a connu tous les muralistes. Elle rencontra tous les artistes mexicains de son temps.

Une femme libre

Dans un Mexique encore perturbé par les années de guerre civile, Nahui se retrouvait du côté des anticléricaux au temps où le général Obregon, amateur de danseuses et président du Mexique, fut assassiné en 1928 par un Cristero exalté qui habitait dans le même immeuble qu’elle.

Scandaleuse selon les normes de la « bonne société » de l’époque.

sa vie privée s’est constituée de liaisons retentissantes, de l’étalage de ses ruptures, et de sa splendide nudité. Narcissique et exhibitionniste sans doute, elle n’est représentative qu’à la marge de l’évolution des mœurs du Mexico des années vingt-trente.

De son vrai nom Maria del Carmen Mondragón Valseca (1893-1978) elle était la fille préférée d’un général putschiste de la « Décennie tragique » et qui porta Huerta au pouvoir. Elle fit deux séjours en Europe, en France puis à San Sebastian, où la famille s’établit.

Carmen Mondragón fut à la fois une artiste et un personnage hors norme. En 1913, pour prendre ses distances du clan familial, elle épousa Manuel RodriguezLozano, un diplomate éphémère qui s’avéra homosexuel et devint un peintre réputé. Ils se séparèrent sans divorcer. Elle collectionna ensuite les relations amoureuses et vécut en fuyant les préjugés.

Après la mort du capitaine Eugenio Agacino, son dernier grand amour, elle se replia dans la maison familiale du quartier de Tacubaya.

La magnifique biographie de Pino Cacucci  est d’une écriture à l’image de la belle. Superbe et vertigineuse.

Nahui et les beaux arts.

En 1921, elle quitta San Sebastian pour participer à la vie culturelle bouillonnante du Mexique post-révolutionnaire. Ses grands yeux émeraudes ont alors attiré tous les regards. Elle fut alors baptisée Nahui, ou Nahui Olin, le cinquième soleil de la mythologie aztèque, par le peintre Gerardo Murillo qui devint son amant. Également connu sous le nom de Docteur Atl, il se passionnait pour la culture précolombienne. Il faisait partie des muralistes avec Orozco, Siquiros et Diego Rivera qui fut leur chef de file.
Ils étaient encouragés par le ministre José Vasconcelos désireux de faire sortir l’art des musées.
Avec Gerardo Murillo elle vécut une relation passionnelle particulièrement orageuse voir violente durant plusieurs années.
Elle conquit aussi Diego Rivera. Se considérant comme la plus belle femme du Mexique, elle aimait « donner » à contempler son corps. Elle posa nue pour les artistes et photographes Edward Weston et Antonio Garduño.
Elle organisa chez elle en 1927 une célèbre exposition de nus. Un ministre de passage déclarant : « Ces photographies sont emblématiques de la liberté de la femme mexicaine qui relègue au passé les entraves d’un moralisme abject, elles son l’écroulement du vieux qui cède le pas à la nouveauté »
C’est l’origine des fameux clichés qu’elle vendait pour subvenir à ses besoins quand elle se retrouva seule et vielle. C’est ainsi qu’elle rencontre le poète Homero Aridjis. L’histoire retransmise par Pino Cacussi commence  dans le parc de la Alameda.
Nahui composait et jouait aussi du piano, et s’adonnait à la poésie, publiant trois recueils dans les années vingt. Aujourd’hui, plus que ses photos de nus, c’est surtout sa peinture qui malheureusement sont massivement entre des mains privées qui attire l’attention.

Sa technique picturale marie l’imagerie populaire et l’art naïf. Source

Je recommande vivement le livre de Pino Cacucci « Nahui » 

Pino Cacucci est né en 1955.
Il est traducteur de littérature espagnole et latino-américaine. Il collabore à différentes revues et des journaux.
Il a obtenu de nombreux prix littéraires, parmi lesquels deux Pluma de Plata du ministère du tourisme mexicain en 1992 et en 1997, le prix spécial de Fiesole en 2001, celui de l’Institut Cervantès d’Espagne pour la meilleure traduction en 2002, et en septembre 2007 le prix Anima Istrantza di Olbia en Sardaigne.

Claudia

 

 

 

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