Nicolas Renahy, sociologue, retrace le parcours scolaire et professionnel des enfants d’ouvriers qu’il côtoyait dans le village de son enfance. Au premier abord, je me suis demandée si j’étais capable de lire une étude de sociologie, mais le sujet intéressait tellement, que je me suis lancée. Et sincèrement je ne suis pas déçue, Nicolas Renahy a su mener cette enquête et surtout la retranscrire comme un roman, ceci permet une écriture limpide et donc le lecteur est passionné par ce village où évoluent ces jeunes.
Tandis que leurs pères et grands-pères avaient bénéficié de la période faste du paternalisme industriel (travail fixe à l’usine, facilités de logement, fierté d’appartenir à une génération ouvrière), ces jeunes gens peinent à trouver leur place dans un contexte de plus en plus incertain et précaire. Restés au village, voués au chômage ou à une succession de petits boulots, hantés par la crainte du célibat, ils doivent renoncer à l’accession au modèle familial dans lequel ils avaient été socialisés (reconnaissance professionnelle, accès à la propriété, famille nombreuse… ) et tentent de survivre socialement en se repliant sur les ressources que leur offre le seul fait d’être « du coin » (leur « capital d’autochtonie »). En nous faisant pénétrer dans le monde des « gars du coin », en retraçant leurs parcours familiaux et scolaires, en s’intéressant à leurs espaces quotidiens (l’usine, le domicile, le foot, les cafés…) et à leurs expériences intimes, l’auteur éclaire les tentatives individuelles et collectives pour maintenir une honorabilité populaire menacée et offre un portrait inédit d’une jeunesse rurale méconnue. Site de la maison édition La découverte, très bonne référence !
Nicolas Renahy est sociologue à l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique). Il est retourné dans le village de Bourgogne où il a grandi pour voir ce qu’étaient devenus les jeunes de sa génération. Ceux qui s’appellent entre eux « les gars du coin ». Une jeunesse populaire, rurale, ouvrière. Il a mené l’enquête pendant dix ans durant lesquels Nicolas Renahy va vivre et travailler auprès de ces jeunes, qui pour certains sont ses copains.
Le livre commence par l’accident de deux de ces jeunes que tout le monde bien entendu connait dans le village. Ce premier maillon permet d’entrer dans cette étude. Comment vivent-ils ?
Quels sont leurs loisirs ? L’école ? Et surtout comment l’usine, pièce maîtresse, est vécue par toute la population ? L’attitude des patrons successifs, manipulation ou pas ?
La liberté, est-elle une utopie ?
Nicolas Renahy : « Jusqu’aux années 70, l’usine Ribot, spécialisée dans la fabrication de fourneaux de cuisine, employait la majorité des habitants. En 1981, l’entreprise a été fermée par le groupe industriel qui l’avait achetée. Le chômage est brutalement apparu. Un tiers de la population communale est parti. Les autres ont attendu que la situation de l’emploi local s’améliore. »
Vous pouvez lire l’interview sur L’OBS Rue 89
Je recommande très vivement cette étude sur la jeunesse en milieu rurale.
Claudia