Gérard Delteil est un de mes auteurs de polard/politique préférés. Il a écrit un peu plus de 60 livres. J’aime son écriture en forme documentaire. Ce terme ne se veut pas réducteur, au contraire, ceci signifie que ces livres fourmillent de références. « Les années rouges et noires » nous ramène à la fin de la guerre, en 1945 et dans les années dites « 30 glorieuses ». L’auteur nous fait un portrait sans complaisance ni nostalgie.
J’ai vraiment eu un coup de cœur pour ce livre, peut-être que ma maturité correspond à cette période ? Sans avoir vécu à cette époque, j’en ai tellement entendu parlé par mes parents, que tous les personnages évoqués me parlent. Ils ont construit la France d’aujourd’hui. J’aime l’humour noir de Gérard Delteil et les descriptions de ses récits qui m’entraînent dans un scénario de film. J’espère vraiment qu’il sera adapté au cinéma ou pour la télévision.
L’action se déroule de 1942 à 1982. Nous voici au cœur des aventures de trois personnages symboliques de cette époque.
La première, Anne Laborde, gaulliste dans l’âme. Membre d’une famille bourgeoise, l’une des rares femmes à rejoindre à Londres le Général de Gaulle. Après guerre, elle est sollicitée par un des ministre pour faire le tri dans les dossiers litigieux des « bons français » Elle prend conscience du monde politique, des compromissions, des magouilles, et trafics en tout genre, bref elle perçoit la « part d’ombre » des grands de ce monde.
Le second se nomme Alain Véron. Il est ouvrier doté d’une double vie. La nuit, il devient « zazou » et fréquente les boites de nuit et le monde des noctambules. Il est jeune, insouciant, il aime la fête. A la libération, son frère aîné est assassiné, il apprend alors qu’il était engagé dans la résistance, plus précisément dans le parti communiste. Il tente de mener une enquête pour connaitre la vérité sur les circonstances de sa mort. Celle-ci va le conduire vers Anne Laborde. La description des caractères des personnages est bluffante de vérité.
Le troisième personnage clef s’appelle Aimé Bacchielli, qui se rapproche d’un personnage historique: Georges Albertini. Celui-ci eu à cette période un rôle considérable et trop peu connu. Socialiste, il devint l’adjoint de Marcel Déat et suivi celui ci sous la collaboration. Il se met au service de l’occupant et du maréchal. Condamné sous la libération, il fut emprisonné à Fresnes, où il partageât sa cellule avec le banquier Hyppolyte Worms qu’il tira des pattes des « droits communs ». Cette aide bienvenue fut grassement récompensée, et son organisation reçut le soutien inconditionnel de la « banque Worms » pendant toute l’après guerre. Il bénéficia d’une grâce « assez incompréhensible » et ne purgeât qu’une peine de trois ans et demi de prison. Il fit preuve de deux qualités qu’on lui reconnaissait assez unanimement : un sens inné de l’organisation et le talent de se faire des amis dans les milieux les plus divers. A l’occasion de la « guerre froide », il devint une pièce déterminante de l’anticommunisme militant, avec sa revue « Est ouest » codirigée avec Claude Harmel et surtout Boris Souvarine. Il participa à la scission programmée de Force Ouvrière, il organisa la prise d’assaut des locaux de la direction du parti communiste français lors des événements de Hongrie en 1958, fut la cheville ouvrière de l’arrestation de Jacques Duclos lors de « l’affaire des pigeons ».
Bon, si après toute cette description, je ne vous ai pas donné l’envie de lire ce livre, je vous renvoie à l’article de Marc Tertre
Claudia