En 1900, dix mille pêcheurs poursuivent la sardine des Sables-d’Olonne à Douarnenez, trente mille femmes la mettent en boîte dans une centaine d’usines réparties le long de la côte.
Ce modeste poisson fonde une véritable civilisation au point que Notre-Dame de Larmor célèbre une messe des sardines le 14 juin et qu’à La Turballe le recteur avance la date des communions pour permettre aux mousses
d’embarquer. Que la sardine déserte les côtes et c’est la misère qui s’installe !
Qu’elle abonde, la fortune à peine entrevue, ce sont les prix qui s’effondrent.
On ne peut pas comprendre certains rites, certains systèmes de valeurs, certaines habitudes et certains conflits en Bretagne côtière, sans connaître les mœurs de ce petit poisson. La sardine va jouer un rôle dans les luttes sociales qui concerneront le plus souvent les femmes.
Elle offrira à Charles Tillon ses premières luttes syndicales à Douarnenez et fera même naître sur la côte un communisme très particulier : le communisme sardinier.
Petite fille de sardinière des sables d’Olonnne. J’ai découvert ce récit avec beaucoup de plaisir. L’écriture de Jean-Claude Boulard est très agréable. Il nous fait vivre le dur quotidien du métier de marin et les luttes sociales. Hier ou aujourd’hui, toujours les mêmes revendications: Les salaires et les conditions de travail. Les journées sont harassantes pour les femmes qui travaillent dans les conserveries de sardines. Elles luttent et vont obtenir d’être rémunérées à l’heure et non à la pièce. Ce premier mouvement est suivi par un autre beaucoup plus important en 1924 avec une grève longue et victorieuse des pen-sardines qui obtiennent l’augmentation de salaire et de meilleures conditions de travail. Mais les patrons vont le faire payer aux marins. Les hommes vont alors entrer en rébellion.
Le récit est émaillé d’anecdotes très amusantes, comme celle de ce voyage à Lourdes. Le fils de Jos est l’organisateur. Il annonce en profiter pour faire un pèlerinage. Ceci plaît à l’évêque de Quimper. Au retour, les pêcheurs s’aperçoivent qu’ils ont oublié de remplir avec de l’eau bénite les nombreuses bouteilles apportées. Le recteur les rassure, il leur propose de remplir les bouteilles avec de l’eau venant du robinet de Poitiers. « Don Camillo » va bénir tout cela !
La sensibilité de l’auteur au contexte social est sans doute liée avec ses études en sociologie. Il a écrit de nombreux romans historiques et essais, souvent inspirés de la mer. Il était aussi un homme politique. Maire du Mans de 2001 à 2018 et président de la communauté urbaine de 1983 à 2018. Il a également été sénateur de la Sarthe de 2014 à 2017.
Claudia
